Je vois que les avis sont très partagés sur un film que je pensais être unanimement considéré comme un chef-d’œuvre. Je ne sais pas pourquoi, c’est l’image que j’en avais. Mais après l’avoir vu, je comprends la division du public.

J’ai découvert Le Mépris aujourd’hui, et par la même occasion le cinéma de Jean-Luc Godard. Ce n’est clairement pas un cinéma parfait, ce n’est pas ce qu’il cherche. Mais il fait réfléchir, et surtout, ressentir.

La musique est répétitive et lassante, mais elle représente ce que peut être la routine d’un couple ou la peur de ne plus être aimé. Brigitte Bardot a un jeu plat, mais il convient bien à ce personnage perdu et dépassé par ses émotions. Paul est violent et devient détestable, mais son incompréhension est… compréhensible. Godard nous propose une réalisation flirtant avec l’expérimental sans jamais y plonger vraiment, mais c’est juste ce qu’il nous faut pour nous immerger dans l’incertitude des sentiments.

De longs plans séquences font la part belle à Bardot qui compense son manque de talent par son naturel désarmant et son charisme envoûtant. Godard s’amuse à séparer ses personnages par un mur, à les faire entrer et sortir de l’écran dans des directions opposées, ou à recouvrir leurs dialogues banals par une musique lancinante. Chaque scène présente une idée. Chaque scène est une proposition.

À chaud, j’avais trouvé ce film excellent mais bourré de défauts.. Mais quelques heures plus tard il était encore en moi. Et putain c’est ce que je veux avec le cinéma : être bousculé bien après le visionnage.